La récente faillite de Silicon Valley Bank (SVB), bien que n'étant pas directement liée à l'assurance des investissements, a mis en lumière la vulnérabilité des portefeuilles face au risque systémique et à des événements imprévus comme les crises de liquidité. De même, les ouragans dévastateurs qui frappent régulièrement les zones côtières et les cyberattaques de plus en plus sophistiquées causent des pertes financières importantes aux investisseurs. Ces situations concrètes soulèvent une question cruciale concernant la protection des investissements : l' assurance des investissements est-elle réellement un filet de sécurité fiable face à ces risques extrêmes , ou n'est-elle qu'une protection illusoire, une simple garantie partielle face à des pertes potentielles considérables?
Pour répondre à cette interrogation et évaluer l'efficacité de l' assurance des investissements , il est essentiel de définir clairement les termes clés. Un "investissement", dans son sens le plus large, englobe toute allocation de capital dans l'espoir d'un rendement futur, que ce soit à court, moyen ou long terme. Cela inclut un éventail diversifié d'actifs financiers tels que les actions cotées en bourse, les obligations d'entreprises ou d'État, l'investissement immobilier direct ou indirect (SCPI, foncières), les fonds communs de placement, les fonds négociés en bourse (ETF), les matières premières (or, pétrole), les produits dérivés et les placements alternatifs. L' assurance des investissements désigne les différents types de contrats d'assurance conçus pour protéger les investisseurs contre certaines pertes financières spécifiques, liées à des événements prédéfinis. Enfin, les " risques extrêmes " se distinguent des risques "normaux" ou courants par leur faible probabilité d'occurrence (bien que cette probabilité puisse augmenter avec le changement climatique et les tensions géopolitiques) et leur impact potentiellement catastrophique sur les marchés financiers et l'économie globale. Ils se caractérisent également par leur interconnexion, leur complexité et leur capacité à déclencher des effets en cascade, amplifiant les pertes initiales.
Panorama des assurances d'investissement et leur couverture face aux risques
Le marché de l' assurance des investissements propose une variété de produits financiers, chacun ciblant des risques spécifiques et offrant un niveau de protection variable. Afin d'évaluer la pertinence de ces assurances face aux risques extrêmes , il est crucial de comprendre l'étendue de leur couverture, les limitations inhérentes à ces contrats, et les exclusions potentielles.
Types d'assurances d'investissement courantes
Parmi les solutions d' assurance des investissements les plus répandues sur le marché financier, on retrouve principalement l'assurance-vie en unités de compte, l'assurance-crédit (cruciale pour les obligations d'entreprises), l'assurance contre la fraude et la cybercriminalité, ainsi que l'assurance responsabilité civile professionnelle pour les gestionnaires d'investissement. Chacune de ces assurances offre une protection ciblée contre des types de risques distincts, répondant à des besoins spécifiques des investisseurs.
- Assurance-vie en unités de compte : Ce type de contrat combine une couverture décès (garantissant le versement d'un capital aux bénéficiaires désignés en cas de décès de l'assuré) avec un investissement dans des unités de compte, dont la valeur fluctue en fonction des performances des marchés financiers. Bien que certaines options offrent une protection partielle contre la volatilité (grâce à des fonds en euros à capital garanti ou des garanties plancher), cette assurance ne protège pas intégralement contre les krachs boursiers ou les pertes importantes en capital.
- Assurance-crédit : Essentielle pour les investisseurs en obligations d'entreprises, cette assurance protège les créanciers (obligataires) contre le risque de défaut de paiement de l'émetteur (l'entreprise). Elle couvre les pertes financières résultant de l'insolvabilité d'un débiteur, assurant ainsi une certaine stabilité des flux de trésorerie et limitant l'impact des faillites d'entreprises sur les portefeuilles d'investissement. Selon les données de la Banque Mondiale, les pertes dues aux défauts de paiements d'entreprises peuvent atteindre 2% du PIB dans certains pays en période de crise.
- Assurance contre la fraude et la cybercriminalité : Face à la recrudescence des attaques informatiques et des escroqueries financières ciblant les investisseurs, cette assurance offre une protection contre le vol d'actifs (par exemple, le piratage de comptes de courtage), les pertes financières consécutives à une cyberattaque (rançongiciels, etc.) et les frais de restauration des systèmes informatiques compromis. Le coût moyen d'une violation de données pour une entreprise est estimé à 4,24 millions de dollars en 2021 (source: IBM).
- Assurance responsabilité civile professionnelle pour les gestionnaires d'investissement : Cette assurance couvre les gestionnaires d'investissement agréés contre les erreurs de gestion, les négligences, les fautes professionnelles et les litiges potentiels avec leurs clients (par exemple, un manquement à l'obligation de conseil). Elle protège leur patrimoine personnel et leur réputation professionnelle en cas de poursuites judiciaires.
Analyse des risques couverts par ces assurances
Les différents types d' assurance des investissements couvrent un éventail plus ou moins large de risques financiers, allant des fluctuations conjoncturelles des marchés financiers aux catastrophes naturelles ayant un impact direct ou indirect sur les entreprises et les actifs. Cependant, il est crucial de noter que l'étendue de la couverture varie considérablement d'un contrat à l'autre, et que certains risques extrêmes , de par leur nature systémique et leur imprévisibilité, peuvent être explicitement exclus ou couverts de manière très limitée.
- Risques de marché : Ces risques incluent la volatilité des marchés boursiers (avec des fluctuations importantes des cours des actions), les krachs boursiers (des chutes brutales et généralisées des indices boursiers) et les fluctuations des taux d'intérêt (qui peuvent affecter la valeur des obligations et des actifs immobiliers). L'assurance-vie en unités de compte peut offrir une certaine protection contre la volatilité à court terme, mais ne garantit en aucun cas un rendement positif à long terme, ni la protection du capital investi en cas de repli important des marchés.
- Risques spécifiques aux entreprises : Ces risques comprennent la faillite d'une entreprise (incapacité à honorer ses dettes), une mauvaise gestion (défauts de gouvernance, erreurs stratégiques) et les litiges (poursuites judiciaires, amendes réglementaires). L'assurance-crédit couvre principalement le risque de faillite des débiteurs (entreprises ayant contracté des dettes auprès de l'assuré), tandis que l'assurance responsabilité civile protège les gestionnaires contre les litiges, mais ne couvre pas les pertes directement liées à une mauvaise gestion.
- Risques opérationnels : Ces risques sont liés aux erreurs humaines (erreurs de trading, fraudes internes), aux défaillances techniques (pannes informatiques, cyberattaques) et aux fraudes internes ou externes (escroqueries financières, détournements de fonds). L' assurance contre la fraude et la cybercriminalité couvre certains risques opérationnels, mais les erreurs humaines non intentionnelles ne sont généralement pas prises en charge.
Limitations contractuelles et exclusions
Tous les contrats d' assurance des investissements comportent des limitations contractuelles et des exclusions spécifiques qui réduisent considérablement la couverture effective et transfèrent une partie non négligeable du risque financier à l'investisseur. Par conséquent, il est absolument essentiel de lire attentivement et de comprendre parfaitement les termes et conditions générales de chaque contrat avant de souscrire, afin d'éviter les mauvaises surprises en cas de sinistre.
- Clauses d'exclusion standards : La grande majorité des contrats d'assurance excluent explicitement les pertes financières résultant directement ou indirectement d'événements considérés comme des risques extrêmes , tels que les actes de guerre (conflits armés, terrorisme), les catastrophes naturelles exceptionnelles (séismes de magnitude élevée, tsunamis, éruptions volcaniques majeures), les cas de "force majeure" (événements imprévisibles et insurmontables) ou les "actes de Dieu" (événements climatiques extrêmes). Par exemple, un conflit armé majeur survenant dans un pays où un investisseur détient des actifs immobiliers pourrait invalider l'assurance couvrant ces biens, laissant l'investisseur sans protection financière.
- Plafonds de couverture : Les contrats d' assurance des investissements fixent toujours des montants maximaux remboursables en cas de sinistre. Ces plafonds de couverture peuvent s'avérer largement insuffisants en cas de pertes massives résultant d'un événement extrême. Par exemple, un investisseur ayant subi une perte de 2 millions d'euros à la suite d'une cyberattaque pourrait ne recevoir qu'un remboursement partiel de 1 million d'euros si le plafond de couverture de son assurance est limité à ce montant.
- Franchises élevées : La présence de franchises élevées dans les contrats d'assurance réduit d'autant la couverture effective pour l'investisseur, en l'obligeant à supporter lui-même une partie significative des pertes financières. Par exemple, une franchise de 10 000 euros signifie que l'investisseur devra assumer les 10 000 premiers euros de pertes avant que l'assurance n'intervienne et ne commence à le rembourser. En période de crise, ces franchises peuvent représenter une somme importante pour de nombreux investisseurs.
- Conditions de déclenchement de la garantie : Les contrats d'assurance prévoient des conditions strictes et des procédures complexes pour le déclenchement de la garantie et le versement des indemnités. Ces exigences peuvent rendre le processus de réclamation long et difficile, en particulier en période de crise où les assureurs sont submergés de demandes.
Les défis spécifiques posés par les risques extrêmes
Les risques extrêmes , par leur nature fondamentalement imprévisible et leur impact potentiellement dévastateur sur les marchés financiers et l'économie mondiale, posent des défis considérables tant aux assureurs qu'aux investisseurs. Les modèles traditionnels d'évaluation des risques, basés sur des données historiques et des hypothèses de normalité, peinent à appréhender correctement ces événements exceptionnels, rendant difficile la conception de couvertures d' assurance adéquates et la mise en place de stratégies d'investissement résilientes.
Incertitude et imprévisibilité
L'une des principales difficultés liées aux risques extrêmes réside dans leur incertitude et leur imprévisibilité inhérentes. En effet, il est extrêmement difficile d'évaluer avec précision, ex-ante, la probabilité d'occurrence et l'impact potentiel de ces événements, en raison du manque de données historiques fiables et de la complexité des systèmes impliqués.
- Difficulté d'évaluer la probabilité et l'impact des risques extrêmes : Les modèles statistiques et actuariels utilisés par les assureurs pour évaluer les risques sont souvent basés sur des données historiques passées, qui peuvent ne pas refléter la réalité des risques extrêmes . De plus, la rareté même de ces événements rend particulièrement difficile l'estimation précise de leur probabilité d'occurrence, ce qui augmente l'incertitude quant à leur impact financier.
- Effet papillon et interconnexions : Des événements apparemment mineurs, considérés comme des "signaux faibles", peuvent déclencher des crises de grande ampleur et imprévisibles, en raison de l'effet papillon et des interconnexions complexes entre les différents marchés financiers et les économies nationales. Cette complexité rend particulièrement ardue la prédiction des conséquences finales d'un événement extrême initial.
Corrélation des risques et effets domino
Un autre défi majeur dans la gestion des risques extrêmes est la forte corrélation des risques en période de crise. Les marchés financiers et les économies nationales sont de plus en plus interdépendants à l'échelle mondiale, ce qui signifie qu'un événement extrême survenant dans un secteur ou un pays spécifique peut rapidement se propager et affecter l'ensemble du système financier international, avec des conséquences potentiellement désastreuses.
- Interdépendance des marchés et des économies : La mondialisation des échanges commerciaux et financiers a accru l'interdépendance des marchés et des économies nationales, ce qui signifie qu'un événement extrême survenant dans un pays peut avoir des répercussions considérables à l'échelle mondiale. La crise financière de 2008, qui a débuté avec la crise des subprimes aux États-Unis, en est un exemple flagrant.
- Diminution de l'efficacité de la diversification : La diversification des portefeuilles d'investissement, qui consiste à répartir les actifs entre différentes classes d'actifs et zones géographiques, est une stratégie couramment utilisée pour réduire le risque global. Cependant, en période de crise systémique, les actifs qui étaient auparavant supposés être décorrélés peuvent chuter simultanément, réduisant considérablement l'efficacité de la diversification et amplifiant les pertes.
Risque systémique et contagion financière
Les risques extrêmes peuvent également engendrer un risque systémique majeur, c'est-à-dire un risque de défaillance en cascade de l'ensemble du système financier, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour l'économie réelle. La faillite d'une institution financière d'importance systémique, par exemple, peut déclencher une réaction en chaîne de faillites et une perte généralisée de confiance des investisseurs, conduisant à une crise financière généralisée et à une récession économique profonde.
- Impact potentiellement dévastateur sur l'ensemble du système financier : La faillite d'une grande banque ou d'une compagnie d'assurance peut avoir des conséquences désastreuses pour l'ensemble du système financier, entraînant une crise de liquidité, un blocage du crédit interbancaire, une forte baisse des marchés boursiers et une récession économique.
- Contagion et amplifications des pertes : Le risque systémique se propage rapidement à travers les institutions financières et les marchés, amplifiant les pertes et rendant extrêmement difficile la stabilisation du système. La complexité des instruments financiers et des interconnexions entre les acteurs rend la gestion de ce risque particulièrement délicate.
Capacité limitée des assureurs face aux pertes massives
Même les plus grandes compagnies d'assurance peuvent avoir une capacité limitée à couvrir les pertes massives résultant de la survenance d'événements extrêmes à grande échelle. En cas de catastrophe naturelle majeure, de crise financière systémique ou de cyberattaque d'ampleur nationale, la faillite d'une ou plusieurs compagnies d' assurance n'est pas à exclure, ce qui laisserait de nombreux investisseurs et entreprises sans protection et amplifierait encore les conséquences économiques.
- Difficulté pour les assureurs de couvrir des pertes massives : Les assureurs peuvent ne pas disposer des ressources financières suffisantes pour faire face à l'afflux massif de réclamations en cas d'événement extrême. Selon une étude de Swiss Re, le déficit de protection global contre les risques naturels s'élevait à 1,5 billion de dollars en 2020.
- Réassurance et ses limites : La réassurance, qui consiste pour les assureurs à transférer une partie de leur risque à d'autres compagnies (les réassureurs), peut aider à atténuer ce risque. Cependant, la réassurance elle-même est limitée pour les risques systémiques et globaux, car les réassureurs peuvent également être affectés par la crise.
- Augmentation des primes d'assurance après les sinistres : Inévitablement, les primes d'assurance ont tendance à augmenter significativement après la survenance de sinistres majeurs, rendant la couverture moins abordable pour de nombreux investisseurs et entreprises. Par exemple, les primes d'assurance habitation en Floride ont augmenté de plus de 30 % après l'ouragan Irma en 2017.
Stratégies d'atténuation et alternatives à l'assurance classique
Compte tenu des limites inhérentes à l' assurance des investissements classique face aux risques extrêmes , il est impératif pour les investisseurs et les entreprises d'adopter des stratégies d'atténuation complémentaires et d'explorer des alternatives innovantes pour renforcer leur résilience financière et mieux se protéger contre les pertes potentielles. Ces approches alternatives visent à réduire la vulnérabilité des portefeuilles d'investissement, à diversifier les sources de protection et à transférer une partie du risque à d'autres acteurs.
Gestion des risques à l'échelle de l'investisseur
Les investisseurs individuels et institutionnels peuvent prendre des mesures concrètes pour mieux gérer les risques extrêmes au niveau de leur propre portefeuille, notamment en optimisant la diversification, en adoptant une allocation d'actifs prudente et en réalisant des analyses de scénarios de crise pour anticiper les conséquences potentielles d'événements extrêmes et préparer des plans d'urgence.
- Diversification optimisée : Il est essentiel de réévaluer et d'optimiser la diversification de son portefeuille d'investissement pour tenir compte des corrélations entre les différentes classes d'actifs et zones géographiques, en particulier en période de crise. Une diversification efficace ne se limite pas à répartir les fonds entre un grand nombre d'actifs, mais nécessite également une analyse approfondie des interdépendances et des risques spécifiques à chaque investissement.
- Allocation d'actifs prudente et gestion du risque de liquidité : Privilégier les actifs moins risqués, tels que les obligations d'État de haute qualité ou les actifs réels (immobilier, infrastructures) et adopter une approche d'investissement à long terme peuvent contribuer à réduire la volatilité du portefeuille et à mieux se protéger contre les pertes massives en cas de crise. De plus, il est crucial de gérer activement le risque de liquidité, en s'assurant de pouvoir convertir rapidement une partie de ses actifs en espèces si nécessaire.
- Analyse de scénarios de crise et plans d'urgence : Réaliser régulièrement des simulations de scénarios de crise (krachs boursiers, catastrophes naturelles, cyberattaques) et préparer des plans d'urgence détaillés peut aider les investisseurs à anticiper les conséquences potentielles d'événements extrêmes et à réagir rapidement et efficacement pour minimiser les pertes.
Innovations dans l'assurance et la finance pour la couverture des risques extrêmes
Ces dernières années, on assiste à l'émergence d'innovations prometteuses dans le domaine de l' assurance et de la finance, qui offrent des alternatives intéressantes à l' assurance classique pour la gestion des risques extrêmes . Parmi ces innovations, on peut citer les obligations catastrophes (Cat Bonds), les indices climatiques et l' assurance paramétrique, qui permettent de transférer une partie du risque à d'autres acteurs et d'améliorer l'efficacité de la couverture.
- Obligations catastrophes (Cat Bonds) : Ces instruments financiers permettent aux compagnies d' assurance et aux gouvernements de transférer le risque de catastrophe naturelle aux investisseurs institutionnels (fonds de pension, hedge funds, etc.). En cas de survenance d'une catastrophe prédéfinie (par exemple, un tremblement de terre de magnitude supérieure à un certain seuil), les investisseurs perdent une partie ou la totalité de leur capital, qui est utilisé pour indemniser les victimes. Le marché des Cat Bonds a connu une croissance importante ces dernières années, atteignant un encours total d'environ 40 milliards de dollars en 2023.
- Indices climatiques : Ces indices, basés sur des données climatiques objectives (température, précipitations, etc.), permettent de développer des produits d' assurance et de gestion des risques adaptés aux enjeux du changement climatique. Par exemple, un indice basé sur la température moyenne peut être utilisé pour assurer les récoltes contre les sécheresses, en déclenchant automatiquement des indemnisations lorsque la température dépasse un certain seuil.
- Assurance paramétrique : Ce type d' assurance effectue des paiements basés sur des paramètres objectifs et mesurables (intensité d'un séisme, niveau de précipitations, etc.), plutôt que sur une évaluation des dommages réels. Cette approche simplifie considérablement les réclamations et accélère les paiements, en éliminant les litiges potentiels liés à l'évaluation des pertes.
Rôle crucial des pouvoirs publics et de la réglementation
Enfin, les pouvoirs publics et la réglementation financière jouent un rôle crucial dans la prévention et la gestion des risques extrêmes , en renforçant la stabilité du système financier, en protégeant les investisseurs et en encourageant l'adoption de bonnes pratiques en matière de gestion des risques. Les fonds de garantie des dépôts et des investissements, la réglementation prudentielle pour les banques et les compagnies d' assurance , et la surveillance macroprudentielle sont autant d'outils essentiels pour prévenir les crises et limiter leur impact sur l'économie.
- Fonds de garantie des dépôts et des investissements : Ces fonds protègent les petits investisseurs en cas de faillite d'une institution financière, en garantissant le remboursement d'une partie de leurs dépôts et de leurs investissements. En France, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) garantit les dépôts jusqu'à 100 000 euros par déposant et par établissement. Selon le FGDR, environ 99% des déposants en France sont couverts par cette garantie.
- Réglementation prudentielle : Les exigences de capital pour les banques et les compagnies d' assurance , telles que les ratios de solvabilité, visent à renforcer leur capacité à absorber les pertes et à prévenir les faillites. Les accords de Bâle III, par exemple, ont renforcé les exigences de capital pour les banques au niveau international.
- Surveillance macroprudentielle : La surveillance macroprudentielle vise à identifier et à gérer les risques systémiques au niveau de l'ensemble du système financier, en surveillant les interconnexions entre les institutions financières et les marchés, et en prenant des mesures pour limiter les risques de contagion. Le Conseil de stabilité financière (CSF) est un organisme international qui coordonne la surveillance macroprudentielle au niveau mondial.
Études de cas et exemples concrets
L'analyse de crises passées et d'exemples concrets d'innovations en matière d' assurance et de gestion des risques extrêmes permet de tirer des leçons précieuses et d'identifier les meilleures pratiques pour améliorer la résilience des investissements et protéger les investisseurs.
Analyse de crises passées et de leurs implications
La crise financière mondiale de 2008, les catastrophes naturelles majeures telles que le tsunami de Fukushima au Japon et l'ouragan Katrina aux États-Unis, ainsi que la récente crise du COVID-19, ont mis en évidence de manière éclatante les limites de l' assurance des investissements traditionnelle face aux risques extrêmes et la nécessité d'une meilleure préparation et d'une gestion plus proactive des risques.
- Crise financière de 2008 : Cette crise a révélé l'interdépendance des marchés financiers et les risques liés aux produits financiers complexes et opaques. De nombreuses compagnies d' assurance ont subi des pertes massives en raison de la chute des marchés boursiers et de la faillite d'institutions financières, mettant en péril leur solvabilité et la protection des investisseurs.
- Catastrophes naturelles majeures (e.g., Fukushima, ouragan Katrina) : Ces catastrophes ont causé des pertes économiques considérables et ont mis en évidence les lacunes dans la couverture des risques naturels par les assurances traditionnelles. De nombreuses polices d' assurance excluent ou limitent la couverture des dommages causés par les catastrophes naturelles, laissant les victimes sans protection adéquate.
- Crise du COVID-19 et son Impact sur les Marchés : La pandémie de COVID-19 a entraîné une forte volatilité des marchés financiers et une récession économique mondiale sans précédent, mettant à l'épreuve l'efficacité des stratégies d' assurance des investissements . De nombreux investisseurs ont subi des pertes importantes en raison de la chute des marchés boursiers, de la hausse du chômage et de l'incertitude économique.
Exemples d'innovations dans l'assurance des risques extrêmes
Le développement de produits d' assurance paramétrique pour couvrir les risques liés au changement climatique, l'utilisation croissante des Cat Bonds pour transférer le risque de catastrophe naturelle aux marchés financiers, et l'exploration du potentiel de la technologie blockchain pour améliorer l'efficacité et la transparence des réclamations d' assurance sont autant d'exemples concrets d'innovations prometteuses dans le domaine de la gestion des risques extrêmes .
- Assurance paramétrique pour les risques climatiques : Au Sénégal, un programme d' assurance paramétrique permet de protéger les agriculteurs contre les pertes de récoltes liées à la sécheresse. Les paiements sont déclenchés automatiquement lorsque les précipitations tombent en dessous d'un certain seuil, fournissant une aide financière rapide aux agriculteurs touchés.
- Utilisation des Cat Bonds pour la gestion des risques de catastrophe naturelle : Après le tremblement de terre de 2011 au Japon, la compagnie d' assurance Tokio Marine a émis des Cat Bonds pour se protéger contre les pertes potentielles liées à de futurs tremblements de terre. Ces obligations ont permis de transférer une partie du risque aux investisseurs, renforçant la capacité de la compagnie à faire face aux sinistres.
- Blockchain pour améliorer l'efficacité des réclamations d'assurance : La compagnie d' assurance AXA travaille sur des projets pilotes utilisant la technologie blockchain pour automatiser et accélérer le processus de réclamation pour les retards de vol. Les informations relatives aux vols sont enregistrées de manière sécurisée et transparente sur la blockchain, ce qui permet de déclencher automatiquement les indemnisations lorsque les vols sont retardés.
Principales leçons tirées de ces expériences
L'ensemble de ces expériences et analyses mettent en évidence plusieurs leçons importantes pour la gestion des risques extrêmes et l'amélioration de l'efficacité de l' assurance des investissements : une meilleure compréhension de la nature complexe des risques extrêmes , l'importance cruciale de la diversification des portefeuilles et de la gestion active des risques, et le besoin d'une réglementation financière plus efficace et d'une coopération internationale renforcée pour prévenir les crises et protéger les investisseurs.
- Nécessité d'une meilleure compréhension des risques extrêmes : Les investisseurs, les assureurs et les régulateurs doivent s'efforcer de mieux comprendre la nature complexe des risques extrêmes , leur probabilité d'occurrence, leur impact potentiel sur les marchés financiers et l'économie, et les interconnexions entre ces risques.
- Importance de la diversification et de la gestion active du risque : La diversification des portefeuilles d'investissement et la gestion active des risques (par exemple, en ajustant l'allocation d'actifs en fonction de l'évolution des conditions de marché) sont des stratégies essentielles pour protéger les investissements contre les pertes massives en cas de crise.
- Besoin d'une réglementation plus efficace et d'une coopération internationale renforcée : Une réglementation financière plus efficace et une coopération internationale renforcée sont indispensables pour prévenir les risques systémiques et garantir la stabilité du système financier mondial.
En conclusion, bien que l' assurance des investissements puisse offrir une protection partielle contre certains types de risques , elle présente des limites significatives face aux risques extrêmes . Ces risques , caractérisés par leur faible probabilité d'occurrence et leur impact potentiellement dévastateur, mettent à rude épreuve les capacités des assureurs et la résilience des portefeuilles d'investissement. Par conséquent, il est essentiel pour les investisseurs et les entreprises d'adopter une approche proactive et diversifiée de la gestion des risques, en combinant l' assurance avec d'autres stratégies d'atténuation des risques, telles que la diversification des portefeuilles, la gestion active des risques, et la mise en place de plans d'urgence robustes.